Dans le domaine de l’ingénierie informatique, peu de systèmes d’exploitation peuvent se targuer d’une telle longévité que le Master Control Program (MCP), développé dans les années 60 par Burroughs.
Le Master Control Program (MCP) est un système d’exploitation mainframe développé dans les années 60 par Burroughs, aujourd’hui maintenu par Unisys. Conçu pour les systèmes critiques, MCP reste en 2025 une plateforme d’infrastructure clé dans des domaines exigeants comme la banque, l’assurance ou les institutions publiques.
Sa longévité repose sur une architecture unique, une fiabilité éprouvée et une capacité d’adaptation aux environnements modernes comme le cloud hybride.
1. Origines historiques et innovations
Créé initialement pour les ordinateurs Burroughs B5000, MCP est l’un des premiers systèmes d’exploitation à avoir introduit des concepts visionnaires encore utilisés aujourd’hui. Il a notamment été le pionnier dans :
- L’architecture orientée objets : les données et instructions sont encapsulées via des descripteurs, assurant une structuration fine et sécurisée de l’information.
- La mémoire virtuelle : permettant une gestion dynamique et protégée de l’espace mémoire, bien avant son adoption dans les OS modernes.
- Le multitâche multi-utilisateur : rendant possible le traitement parallèle de tâches pour plusieurs utilisateurs avec isolement mémoire.
- L’abstraction matérielle : offrant une indépendance forte entre logiciels métiers et hardware sous-jacent.

2. Architecture et composants clés
L’architecture MCP repose sur une structuration modulaire et hiérarchique des fonctions système. Voici les principaux composants :
- Memory & Processor Modules : responsables de la séparation entre traitement (CPU) et gestion mémoire, pour une haute disponibilité et une tolérance aux erreurs matérielles.
- CANDE : environnement multitâche de développement et d’édition de scripts, utilisé depuis les terminaux. Il permet de compiler, exécuter et déboguer des programmes sans sortir du shell MCP.
- WFL : langage propriétaire structurant les processus système, comparable à un orchestrateur de jobs.
- Compilateurs : compatibles avec ALGOL, COBOL, Fortran et C. Ils permettent d’exécuter des programmes métiers historiques et modernes.
- Système de fichiers transactionnel : organisation plate mais robuste, avec support de journaux (journaling) et systèmes de récupération après incident.
3. Sécurité et performances
MCP bénéficie d’un des niveaux de fiabilité les plus élevés du marché mainframe. Ses spécificités techniques sont :

- Stabilité prouvée : certains systèmes MCP sont opérationnels sans interruption depuis plusieurs années.
- Modèle de sécurité intégré : accès régulé par guards, avec permissions définies à la compilation et renforcées à l’exécution.
- Journalisation temps réel : tous les accès et traitements critiques sont tracés via une structure de logs horodatés consultables.
- Interopérabilité réseau complète : support des protocoles TCP/IP, SSH, IPv6, FTP, avec options de cryptage natif.
- Optimisation multiprocesseur : gestion dynamique des files de tâches et priorité selon la charge.
Exemple : La plateforme ClearPath Libra est certifiée pour la haute disponibilité et utilisée dans des datacenters critiques
4. Usages actuels et modernisation
En 2025, de nombreuses institutions continuent de faire confiance à MCP pour la stabilité et la sécurité qu’il garantit. Parmi les cas d’usage :
- Systèmes bancaires centraux : traitement des virements, rapprochements et reporting réglementaire.
- Back-offices d’assurance : gestion de contrats, sinistres et flux comptables.
- Administrations fiscales : calculs, archivage et traitement de masse.
Modernisation :
- Déploiement sur Azure : via le programme ClearPath MCP on Azure, les instances sont exécutées sur VMs optimisées, sans réécriture du code source historique.
- Cloud hybride via Astadia : migration progressive avec cohabitation sur GCP et hébergement conteneurisé
- Ouverture API REST : accès aux fonctions internes du système via des interfaces compatibles avec les outils DevOps modernes.
5. Perspectives et défis futurs
Unisys continue d’étoffer la plateforme avec des versions régulières (v21.0 publiée en 2023). Parmi les évolutions notables :
- Développement d’un SDK REST natif pour intégration cloud.
- Amélioration de la documentation pour développeurs MCP.
- Compatibilité accrue avec des environnements de virtualisation et des outils CI/CD.
- Émergence de solutions de conteneurisation partielle.
Défis :
- Rareté des compétences : peu de nouveaux développeurs formés à MCP.
- Migrations risquées : nécessité de conserver les systèmes en production pendant les phases de transition.
- Concurrence du cloud natif : alternatives modernes plus accessibles, mais souvent moins robustes.
6. MCP et l'intelligence artificielle : une convergence stratégique
Si MCP a été conçu bien avant l’ère de l’intelligence artificielle, ses qualités intrinsèques en font une base compatible avec les exigences modernes des systèmes IA.
En 2025, les organisations qui intègrent des pipelines d’intelligence artificielle à haute criticité (IA décisionnelle, traitement bancaire, automatisation réglementaire) recherchent une infrastructure à la fois stable, sécurisée et interopérable. MCP, via ses connecteurs API REST, ses journaux auditables, et sa robustesse historique, devient un socle pertinent pour l’intégration de modules IA dans des environnements hybrides. Son évolution vers des SDK modernes permet désormais à des modèles d’IA d’interagir avec des processus critiques via des appels programmés sécurisés.
En parallèle, un nouvel acronyme MCP (Model Context Protocol), utilisé depuis 2024 par des plateformes comme Anthropic et OpenAI, désigne un protocole standardisé de communication entre agents IA.
Bien que n’ayant aucun lien direct avec le Master Control Program d’Unisys, ce croisement sémantique illustre une convergence de philosophie : orchestrer de manière centralisée et sécurisée des processus complexes distribués.
Dans les deux cas, MCP renvoie à une logique de contrôle fiable et structuré — l’un dans les infrastructures critiques, l’autre dans l’IA distribuée.,

Dans cette optique, l’avenir du MCP ne réside pas seulement dans la préservation du patrimoine applicatif, mais aussi dans sa capacité à s’intégrer à des architectures cognitives, tout en garantissant la résilience des opérations métiers. dans la préservation du patrimoine applicatif, mais aussi dans sa capacité à s’intégrer à des architectures cognitives, tout en garantissant la résilience des opérations métiers. Une orientation de plus en plus stratégique dans les secteurs bancaires, industriels ou réglementaires.
7. Comparatif MCP et autres plateformes critiques
Voici un tableau comparatif entre MCP et d’autres systèmes d’exploitation utilisés en environnements critiques, permettant d’en comprendre les atouts, les limites et les positionnements technologiques :
Critères | MCP (Unisys) | IBM z/OS | Linux Serveur | Windows Server | Cloud hybride (AWS Outposts) |
Architecture | Mainframe orienté objets | Mainframe COBOL / JCL | Noyau monolithique | Noyau hybride | Cloud + edge hardware |
Sécurité intégrée | Très élevée (guards) | Élevée (RACF) | Variable (selon durcissement) | Moyenne à élevée | Native + contrôles cloud |
Résilience | Très haute | Très haute | Moyenne à haute | Moyenne | Haute selon configuration |
API / interopérabilité | REST natif (v21) | REST/API partiel | Très bonne | Bonne | Excellente |
Migration cloud possible | Oui (Azure / GCP) | Limitée | Oui | Oui | Déjà intégré |
Courbe d’apprentissage | Très raide (experts MCP) | Élevée | Modérée | Faible | Moyenne |
Coût total de possession (TCO) | Élevé mais stable | Très élevé | Faible | Faible à modéré | Élevé (selon usage) |
Ce tableau montre clairement que MCP se positionne comme une solution d’élite dans les environnements où stabilité, sécurité et auditabilité sont des prérequis absolus. Son ouverture récente au cloud et aux API modernes lui permet de rester compétitif face aux alternatives contemporaines.
8. Pour conclure
MCP représente une vision singulière de l’informatique d’entreprise : celle d’un socle technique profondément stable, dont la robustesse structurelle prime sur la versatilité rapide. À l’heure où les systèmes critiques exigent sécurité, auditabilité et disponibilité, MCP reste un choix stratégique pour les entreprises qui misent sur la continuité à long terme.
FAQ
Qu’est-ce qu’un mainframe ?
Un mainframe est un ordinateur central conçu pour le traitement massif de données, la gestion de transactions critiques et la haute disponibilité. Il est utilisé dans les secteurs comme la banque, l’assurance ou les télécoms. Les serveurs MCP s’intègrent dans cette catégorie, avec une stabilité éprouvée et une architecture conçue pour des opérations 24/7.
Que sont les guards dans MCP ?
Les guards sont des mécanismes de sécurité intégrés au système MCP. Ils permettent de restreindre l’accès aux objets (fichiers, programmes, zones mémoire) selon des règles définies lors de la compilation et vérifiées à l’exécution. Ce modèle renforce considérablement la protection contre les accès non autorisés, même à bas niveau.
Qu’est-ce qu’un SDK REST dans le contexte MCP ?
Un SDK REST (Software Development Kit) permet de créer des applications qui communiquent avec un système via des interfaces RESTful. Dans MCP, le SDK REST introduit récemment permet aux développeurs d’interagir avec les fonctionnalités internes du système (scripts, logs, exécutions) depuis des applications modernes ou dans des pipelines DevOps, facilitant l’intégration au cloud et à des outils tiers. une vision singulière de l’informatique d’entreprise : celle d’un socle technique profondément stable, dont la robustesse structurelle prime sur la versatilité rapide. À l’heure où les systèmes critiques exigent sécurité, auditabilité et disponibilité, MCP reste un choix stratégique pour les entreprises qui misent sur la continuité à long terme.